L’intimité et la connexion permanente
juin 12, 2019 par Paul POIRIER
Dans une société où tout semble conçu pour nous emmener à passer du temps sur des écrans, comment l’être humain continue d’avoir une intimité malgré sa connexion permanente?
L’intimité, c’est ce qui relève du privé. Cela évoque ce qu’il y a de profond, d’intérieur. L’intimité réfère généralement au sentiment d’association personnelle proche avec un souvenir, avec autrui ou bien avec nous-même. Quand à la connexion permanente, il s’agit d’être en contact sans coupure avec le monde extérieur lorsque le modem qui fait la liaison avec le fournisseur d’accès est toujours actif. Vous pouvez alors surfer et lancer des téléchargements à tout moment.La compatibilités de ces deux termes, la vie privée et la connexion aux technologies, est un sujet très présent qui fait beaucoup parler de lui dans l’actualité. Nous sommes connectés à tous types de choses : les médias, les réseaux, les informations et même avec notre entourage. La distraction, c’est ce que nous cherchons constamment. Et c’est pourquoi par exemple nous aurons maintenant comme réflexe de sortir notre téléphone au moindre temps libre : « Que s’est-il passé en mon absence? Qu’est-il arrivé de nouveau? Que dois-je savoir? »
<< Dites-nous ce que vous aimez et publier, et nous vous dirons si vous seriez probablement recruter >>
Premièrement il est évident que l’homme de 2019 passe beaucoup trop de temps sur les écrans c’est d’ailleurs une informations qui fait réagir, le temps d’écran.
https://www.sudouest.fr/2017/02/06/pourquoi-nous-sommes-accros-a-notre-smartphone-3172722-4725.php
Les réseaux sociaux sont la preuve de l’alliance entre notre connexion permanente et notre intimité. Si nous prenons l’exemple de Facebook, même s’il a était créé dans le but de faciliter la communication entre étudiants, il s’agit d’un réseau actuellement nourrit essentiellement d’informations personnelles. Tout commence dès l’inscription. Nous avons besoin de rentrer nos informations afin de pouvoir accéder à du contenu (nom, prénom, date d’anniversaire, etc.). Puis dans notre fil d’actualité, nous avons les photos de tous nos proches en passant par la photo de mamie Jeanne soufflant ses 90 bougies à un selfie de Marie, une personne que nous connaissons juste de vue. Nous pouvons voir où sont ou ont été certaines personnes, leur position politique grâce à leurs partages et leurs likes de post et de pages, nous pouvons savoir quelles relations entretiennent-elles et avec qui, depuis quand, avec qui sont-elles amies, où ont-elles étaient scolarisées, et d’autres informations personnelles comme celles-ci. C’est pourquoi il est si facile de cerner une personne sur sa personnalité grâce à un réseau tel que facebook en récoltant toute cette intimité exposée au grand jour. Un nom a même été donné aux personnes voulant en savoir plus sur d’autres : les « stalkeurs« , venant de l’action de pouvoir « stalker » quelqu’un. Ce terme anglais maintenant régulièrement utilisé dans la presse française, signifie « rôdeur ». Le verbe « to stalk » signifie « traquer ».
. Beaucoup de recruteurs également iront voir votre profil s’il est facile d’accès afin de pouvoir se faire une pré-idée de qui pouvez-vous être : « Dites-nous ce que vous publiez et aimez, et nous vous dirons si vous serez probablement recruter ». Et malgré tout ça, nous nous déconnectons pratiquement jamais des réseaux. Toujours installés sur nos téléphones, en train de tourner en arrière plan et consultés plusieurs fois par heure. Et les marques l’ont bien compris. Aujourd’hui, le nouveau terrain pour nous toucher c’est de passer par les réseaux. Et sur chaque réseau, il y a une manière favorisée de nous atteindre. Sur facebook, il s’agira plus d’annonces personnalisées spécialement conçues pour nous en fonction de ce que nous avons consulté récemment ou en nombreuses fois. Mais sur Instagram, les marques passeront plus par des influenceurs nous faisons rêver grâce à des photos qui ne relèvent pas de la réalité (retouchées et créées pour donner envie) à l’aide de placement de produits. Le problème, c’est qu’en plus de poster nos informations personnelles et en plus du fait qu’elles soient utilisées afin de nous inciter à consommer : nous sommes exposés à un trop plein d’informations, un nombre incalculable d’images, d’idées, d’informations pas forcément vérifiées appelées plus communément « fake news », mais également à des photos comme dit plus tôt destinées à faire rêver et qui amène le spectateur à se comparer avec autrui (que ce soit au niveau du physique ou de la qualité de vie), et de manière générale : son bilan est loin d’être positif.
<< Il faut vraiment être addict pour ne pas pouvoir se contrôler au point de bloquer l’accès à son portable.>>
Il existe plusieurs applications qui surfent sur cette vague. Retenons Moment, elle vous encourage à laisser votre portable de côté en vous envoyant une notification dès que vous dépassez le contrat horaire définis ou votre temps moyen. Elle détecte et vous sensibilise également toute les fois où vous regardez l’écran déverrouillé pour voir vos notifications.
Apple reprends les principes de Moment, Nouvelle fonctionnalité d’iOS 12, Temps d’écran. La ou Moment s’arrêtait, Apple nous permet de limiter le temps dédié à une application ou au téléphone. Il faut vraiment être addict pour ne pas pouvoir se contrôler au point de bloquer l’accès à son portable.
Dans cette veine il y a K-safe qui est une boite physique avec un minuteur, vous mettez un objet dans la boite, un minuteur et c’est partit pour passer du bon temps sans vos objets favoris. Pour Thierry Le Fur, expert en comportement, le numérique compte également d’autres risques : « il supprime les limites d’horaires, affecte la qualité de vie au travail et accentue le surengagement. Pour faire un parallèle, trois risques-clés se développent : le manque de sommeil, le statisme (ne plus bouger de son écran) et l’hyperexcitation mentale, explique-t-il au Monde.
Un étudiant de l’Ecole de Design a travaillé pour son projet bachelor sur le couple et les nouvelles technologie. Il émet la problématique « Par quel moyen la technologie peut-elle recréer de l’intimité au sein du couple et le souder davantage ? » Il propose une solution intelligente qu’il nomme Union et qui allie blocage des deux téléphones en même temps et exécution des tâches ménagères, afin de passer une soirée sans écran de téléphone et redonner de la place au couple.
crédits: l’Ecole de Design Nantes Atlantique / Etienne Guedon 2016 / Projet Bachelor : Le couple & les nouvelles technologies
Il n’existe pas que les applications, on voit fleurir des offres de Digital détox dans le monde hôtelier qui surf également sur la vague de la connexion permanente.
Mais également des associations qui traitent le fond du problème en regardant les écrans ensemble, en discutant pour réfléchir à leurs usages ou encore de réfléchir à la façon dont on construit tout ça. Afin de prendre du recul face aux écrans, de réfléchir à leurs consommation personnelle et à leurs impact et découvrir d’autres paysages audiovisuels , d’autres façons d’utiliser les écrans.
L’intimité se rapporte à une connexion familière et affectivement très étroite avec d’autres en résultat à un certain nombre d’expériences communes.C’est une notion à caractère intime et profond ; ce qui est intérieur et secret. Un paradoxe quand on connait le principe d’internet et toutes les données utilisateurs qu’ils récoltent.
C’est ici qu’entre en jeu « La Commission nationale de l’informatique et des libertés » CNIL “ Protéger les données personnelles, accompagner l’innovation, préserver les libertés individuelles »
La CNIL est une autorité administrative indépendante française. Elle est chargée de protéger :
– l’identité humaine.
– les droits de l’Homme.
– la vie privée.
– les libertés individuelles ou publiques.
-Numéro de téléphone, adresse, orientation politique, préférences alimentaires…
« Aujourd’hui, ces données personnelles constituent une part majeure de l’économie numérique et leur utilisation est encore difficilement contrôlée. Mais, à partir du 25 mai 2018 en Europe, un nouvel outil de surveillance est mis en place : le Règlement général pour la protection des données (RGPD). Sur un certain nombre de points, ce nouveau règlement va plus loin que le droit français actuel, et devrait permettre de protéger un peu mieux les données des utilisateurs. »
Concrètement la CNIL donne également des conseils aux entreprises pour respecter les données de leurs utilisateurs.Dans une démarche d’accompagnement des entreprises vers un environnement utilisateur plus privé, il existe l’outil PIA, un logiciel open-source qui facilite la conduite et la formalisation d’analyses d’impact relatives à la protection des données (AIPD) telles que prévues par le RGPD ou les solutions de la CNIL.
https://www.cnil.fr/fr/outil-pia-telechargez-et-installez-le-logiciel-de-la-cnil
Avec une documentation complète l’outils PIA rends accessible ces droits souvent incompris par les professionnels.En lien entre le monde professionnel et l’utilisateur il y a aussi le compteur link qui permet de mieux répartir l’électricité et faire d’importante sauvegarde d’énergie. D’un autre côté les ondes émise par le compteur sont néfastes comme les ondes émise par nos appareils connectés. Mais surtout le compteur link permet de savoir des informations très précise comme la marque de votre lave-vaisselle ou de vos appareils électroménager.
https://www.quechoisir.org/dossier-compteur-electrique-linky-t1371/
Malgré tout cela l’intimité reste difficile sur internet, réseaux sociaux, référencement. On appelle l’identité numérique, l’ensemble des contributions d’une personne trouvables sur le Web et des traces la concernant. De nombreuses personnes sont inconscientes de leur identité numérique. C’est en agrégeant et interprétant les traces concernant une personne sur le Web (son identité numérique) que l’on se fait une opinion d’elle (sa cyber-réputation).
<< Garder une emprise sur son identité numérique>>
La « Cyberéputation » ou « E-reputation » est la réputation d’une entité (personne physique ou morale, marque, produit) en fonction des traces la concernant, trouvables sur le Web. En termes de cyber-réputation, le plus important est de faire de la veille. Contrairement à l’identité numérique, la cyber-réputation a un caractère subjectif : à traces égales, 2 personnes peuvent se faire une opinion différente de la personne concernée par ces traces.
https://www.presse-citron.net/identite-numerique-10-regles-simples-pour-controler-son-image-sur-internet/
Pour continuer de garder une emprise sur son identité numérique, une liste de bonnes pratiques s’offre à vous, après avoir vérifié votre profil publics sur les réseaux sociaux et tout ce que vous pouvez éditer il vous restera à effacer les traces concernant ce que les autres utilisateur publient de vous et ce que le référencement met en avant. Beaucoup d’entreprise en font leur spécialité, droit de rectification, désindexer des pages, démarches juridiques, bonnes pratiques tous les moyens sont bons pour pousser l’internet a vous faire sortir sous votre plus beau jour.
La connexion permanente nous pousse à faire ressortir une image en liens avec nos actions sur internet.
Dans l’épisodes « Bientôt de retour S2EP1 » BlackMirror s’amuse du concept pour faire un service qui redonne vie à un être humains grâce à son identité numérique. Et (attention spoiler!!), la seule chose que ce service ne sait pas sur l’identité du défunt : c’est qu’il a un grain de beauté non visible sur son corps, ce qui montre une intimité préservée très restreinte finalement.
En parlant d’informations personnelles, ce ne sont pas seulement les réseaux qui utilisent nos données personnelles, mais toutes nos applications et tout ceux qui touche à une connexion internet. Pour exemple, Spotify en a révélait nos datas musicales dans un affichage grand format à échelle mondiale. En France nous avons eu droit à une affiche, sur le rond-point de la Bastille disant qu’ « En 2016, les Parisiens ont écouté The Weeknd principalement le vendredi ». Grâce à la data récoltée, Spotify a pu déployer un affichage sur la base d’un ciblage hyper géolocalisé.
Notre intimité est finalement accessible et exposée sans même le savoir. Pour ce dernier exemple, nous aurions pu réécouter fois une musique dans notre canapé, chez nous, lieu dit le plus intime et privé. Pourtant cette intimité est accessible comme le montre Spotify grâce à ces affiches grands formats.
<< Les objets connectés font eux aussi l’association de l’intimité et de la connexion permanente >>
Mais tout ça ne s’arrête pas là. Les objets connectés font eux aussi l’association des termes intimité et connexion permanente.
Il existe des circuits de données fermées ou les entreprises font comme propositions de valeurs un produit qui stock des données local.
Prenons l’exemple des montres connectées celle-ci : la montre kiwipWatch . Il s’agit d’une montre connectée destinée aux enfants n’ayant pas l’âge d’avoir un téléphone. Connectée à une application sur les téléphones des parents ou des responsables, elle permet de savoir où se trouve l’enfant grâce au système de géolocalisation, de le contacter à n’importe quel moment. Elle est munie d’un capteur permettant de savoir son activité physique mais permet également de savoir aux parents avec qui deviennent-ils amis grâce à une fonction qui permet de synchroniser deux montres afin que les enfants puissent se challenger entre eux.
Elle permet donc de rassurer les parents. Le problème de cette montre, c’est qu’il s’agit exactement du type de service où nous pouvons nous demander si la frontière de l’intimité par le biais de la connexion permanente a été franchies. L’enfant est sans cesse surveillé, nous pouvons même utiliser le terme de « stalker ». Les friands de nouvelles technologies permettant de faciliter le quotidien diraient peut-être qu’il s’agit de nouvelles alternatives permettant de s’épargner un stress inutile afin de se consacrer et se concentrer sur d’autres choses, mais les adeptes de l’éducation moins connectée diraient que nous avons vécu sans ce type de service jusqu’à présent et qu’il s’agit simplement d’un nouveau gadget s’immisçant dans la vie intime d’enfant en le surprotégeant pour très peu de raisons finalement.
Ici se posent des questions sur l’éducation et le rapport à l’aseptisation de l’environnement de l’enfants, si le produit parait parfait pour rassurer les parents et limiter le risques d’enlèvement et accident.
Marjory Allen et Carl Theodor Sorensen sont des architectes paysagistes qui se batte contre cette aseptisation de l’environnement de l’enfants en remettant au goût du jour les cabanes de bois avec les clous dépassant construitent par les enfants d’après guerre pour faire des aires de jeux modernes plus risqués afin que l’enfant prenne conscience de ses responsabilitées face aux risques.
—–> Plus d’informations sur les objets connectés et leurs risques, ici.
<< Les questions de l’alliance entre l’intimité et la connexion permanente exposées aux grands jours par différents moyens >>
Ce sujet de l’alliance entre l’intimité et la connexion permanente amène aujourd’hui de nouvelles questions : « Quelles sont les limites? Jusqu’où faut-il aller pour faciliter le quotidien? Dans certains cas, commes-nous en train de mettre à profit la sécurité à l’intimité? ». La très connue série Netflix « Black Mirror » a abordé ces sujets plus d’une fois (comme nous avons pu le démontrer en citant un des épisodes plus tôt dans l’article). Et les épisodes qui font directement écho à ces questions sont :
.Épisode 3 saison 3 : Retour sur image
Liam Foxwell est un jeune juriste à la recherche d’un emploi. Comme la majorité des gens, il a une puce implantée derrière l’oreille (grain en version originale), qui lui permet de stocker ses souvenirs, puis de les consulter ou de les faire voir quand bon lui semble
. Episode 1 saison 3 : Chute libre
L’histoire se déroule dans un monde où chaque personne note les autres de 0 à 5, les mieux notés ayant accès à de meilleurs services. Lacie ne vit que pour améliorer sa note de 4,2 et cherche à quitter l’appartement qu’elle partage avec son frère, qui méprise le système de notation, pour les beaux quartiers.
. Episode 2 saison 4 : Arkangel
Mère célibataire, Marie donne naissance à une fille, Sara, qu’elle va élever avec son père Russ. Alors qu’elle a 3 ans, Sara disparaît durant un après-midi pendant une sortie au parc. Elle est retrouvée quelques minutes plus tard. Pour ne plus avoir à revivre un tel événement, Marie accepte de participer à un essai gratuit pour ArkAngel, une technologie visant à implanter une micropuce dans le cerveau des enfants, permettant aux parents de contrôler leur santé, de les localiser et filtrer les facteurs de stress à travers une tablette. Après hésitation, Marie utilise les filtres, mais Russ voit le dispositif d’un mauvais œil.
Marie surveille ainsi sa fille à distance, voyant également, pendant qu’elle travaille, son père faire une crise cardiaque devant Sara qui ne voit qu’une image floutée. Russ est secouru à temps.
Jodie Foster, aux commandes de l’épisode, réussit à tirer d’un argument particulièrement prometteur (liant la tendance à la surprotection des enfants et la prolifération des dispositifs de surveillance privée) un récit domestique d’une banalité effarante.
Ces trois épisodes de Black Mirror très marquant reflète parfaitement les risques et les questions que se posent de en plus de personnes. L’intimité est au centre de chacun de ses épisodes, associé à des thèmes de mérites, d’extrême-surveillance en passant par l fameux « stalking ». La barrière de l’intimité est si infime qu’il est difficile de savoir l’impact exact de la connexion permanente. Cela dépend de plusieurs paramètres : de l’étendue des informations diffusées ou enregistrées, qui peut les voir et y avoir accès et dans quel but. Sans oublier le temps de connexion de l’individu directement concerné.
Pour conclure, parmis les futurologues beaucoup se mettent d’accord pour dire que le quotidien et l’humain de demain sera assisté de plus en plus par la technologie et s’enferme dans un confort virtuelle. Un confort qui peut être nocif moralement car si nous nous mettons pas nous même des barrières et des limites, notre intimité s’en dégraderait. La frontière entre connexion permanente et intimité est donc toujours dans les interrogations actuelles.
Article: par Anaël ZAFRA & Théo GEILLER
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