Le Caméléon : proposer un espace modulable, personnalisable et adaptable
mai 16, 2017 par Zélia DARNAULT
Le séminaire Data Design a permis aux étudiants du Design Lab Ville Durable de se confronter à la donnée et à son rôle dans la conception d’espaces. Grâce à l’analyse, au croisement et à une visualisation innovante de ces données, les étudiants ont pu proposer différents services et optimiser ainsi l’occupation de l’espace. « L’intérêt de ce séminaire, au-delà du service utile qu’il propose, est d’acculturer les designers d’espace à la question de la donnée et de voir les potentiels en termes d’aménagements », souligne Hilda Zara. D’une part, cela permet de manier des outils d’exploration de la data et de comprendre que certains capteurs n’apportent finalement pas de renseignements utiles, mais cela permet également de comprendre l’utilité qu’il y a à croiser avec d’autres données d’ordre qualitatif pour créer un service adapté. Il s’agit ainsi de mettre en avant que la donnée captée n’a de sens que quand elle est contextualisée. Pour Florent Orsoni, « ce séminaire d’une semaine valide un certain nombre d’outils comme MIDIR, ou encore de nos outils d’exploration des données EDGE, développé par Quentin Le Roux, que nous souhaitons mettre à disposition des concepteurs d’espace.” Il permet également de sensibiliser à cette donnée (DATA) dont on entend parler partout, mais qui n’est pas toujours comprise. Ici, on explore et on comprend de l’intérieur.
Retours sur le projet Caméléon par Mégane Collet, Ophélie Leray, Jules Pinton et Mathilde Steullet, qui propose de créer un espace modulable, personnalisable et adaptable.
Une captation des données qualitatives et quantitatives basée sur l’observation
Mégane Collet, Ophélie Leray, Jules Pinton et Mathilde Steullet ont relevé et analysé des données sur le parking de la Centrale des artisans coiffeurs, un hôtel d’entreprises dédié aux métiers de l’image, du média et du transmédia situé sur l’île de Nantes, au coeur du quartier de la création. Pour des raisons techniques, le lieu n’a pas pu être instrumenté par des capteurs, c’est donc grâce à un protocole d’observation défini en amont que les étudiants ont effectué leurs relevés de données qualitatives durant une semaine. Le groupe s’est plus particulièrement intéressé aux usages du parking : fréquence de l’utilisation des différentes places, flux voitures, piétons, cheminements empruntés… Ces données issues de l’observation ont pu être directement croisées avec des retours usagers faisant ainsi remonter des problématiques qu’un capteur n’aurait pas pu relever, comme celle de la place des livreurs (impossible de différencier ce type d’usager avec un simple capteur). Ces données sensibles ont donc pu permettre de définir des typologies d’utilisateurs (les résidents, les livreurs, les visiteurs…). Les étudiants en ont tiré des taux et temps d’occupation, des fréquences d’usages pour essayer de déterminer des ordres d’utilisation.
Visualiser, croiser des typologies, proposer des tendances
Les données utilisées ici sont beaucoup plus restreintes que des données relevées par des capteurs mais également beaucoup plus qualitatives. Les étudiants ont cherché à visualiser différentes données afin de les confronter, de les questionner pour avoir des réponses spécifiques sur l’utilisation des places de parking. La visualisation des données proposée repose donc sur une matrice avec l’intention de pouvoir superposer les différentes données pour les questionner et sélectionner l’affichage avec un système de calques pour accéder à la réponse recherchée. Cette datavisualisation permet donc de croiser des typologies de données entre elles pour faire émerger des tendances et des propositions de services. Cette matrice propose quatre exemples de croisements mais on pourrait imaginer en avoir davantage pour apprendre encore plus de choses.
Le parking : un espace personnalisable
Ces différents croisement de données ont permis de faire émerger une problématique : comment optimiser cet espace en fonction des usages que les résidents et les visiteurs en font ? Les étudiants se sont également intéressés à la spécificité du lieu : un bâtiment abritant un certains nombre de start-up avec un besoin relevé : favoriser les rencontres entre les résidents. Le relevé des données est donc, ici, complètement intégré à la spécificité du terrain. Les étudiants ont donc proposé de faire de ce parking un espace modulable, adaptable et personnalisable. L’idée est de faire disparaître le marquage au sol et de le remplacer par un marquage lumineux pour déterminer une place en fonction de l’utilisateur. Par exemple, si un usager a l’habitude d’arriver tôt et de partir tard, on pourrait lui attribuer une place au fond du parking. Dans le cas d’un usager qui ferait beaucoup d’allers-retours dans la journée, on pourrait lui attribuer une place plutôt située vers l’entrée. L’espace est ainsi optimisé et permet de ne plus avoir un simple parking mais une véritable cour modulable qui servirait également, par exemple, pour des événements favorisant les rencontres (terrain de jeu…).
Le projet proposé est donc parfaitement en lien avec l’écosystème de la Centrale (un groupement de start-up) et adapté aux usagers.