Skope : un projet pour réduire l’empreinte écologique des modes d’habiter

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Alexandra Abidji, étudiante en deuxième année de cycle master Ville durable à l’École de design Atlantique a choisi de s’intéresser à l’empreinte écologique des modes d’habiter pour son Projet de Fin d’Études. Elle a conçu le projet « Skope », un objet connecté permettant de visualiser et comprendre l’impact de notre consommation d’énergie dans le cadre de l’habitat. Retours sur ce projet.

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– L’empreinte écologique : un thème difficile à appréhender

Les constats concernant l’avenir de notre planète sont souvent alarmants et indiquent la nécessité de changer de comportement dès aujourd’hui. Ces constats se formalisent par l’empreinte écologique, un outil de mesure qui comptabilise la surface nécessaire de terre et de mer productive pour produire et absorber les ressources consommées et les déchets générés. Il s’agit donc d’un indicateur, d’un mode d’évaluation. Exprimée en hectares, cette valeur est souvent difficilement compréhensible et appréhendable. On peut également l’exprimer en nombre de planètes par pays, par exemple on sait qu’il faudrait environ 3 planètes pour pouvoir subvenir aux besoins et à la consommation d’un Français (eau, alimentation, consommation de CO2, absorption des déchets produits, production d’énergie).

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Pourtant, malgré ces chiffres alarmants, les changements de comportements peinent à se faire sentir. En effet, il est difficile aujourd’hui de se projeter dans un monde à + 2°C et d’envisager les impacts futurs de nos actions quotidiennes. La compréhension, l’évaluation et la lisibilité de nos impacts sont aujourd’hui difficilement abordables par tous. De plus, les discours en matière d’écologie sont souvent pessimistes et culpabilisateurs, ce qui contribue à détourner l’usager de ces causes. Il faut donc trouver un nouveau mode de communiquer pour entraîner l’action.

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– Développer une approche transversale et un positionnement designer global

Alexandra Abidji a choisi d’axer sa réflexion autour de cette question : comment sensibiliser l’usager à la préservation des ressources et l’accompagner dans son changement de comportement ? Elle a donc commencé par analyser le processus de changement qui se décompose en plusieurs étapes : sensibiliser, donner envie, convaincre, agir, expérimenter, s’engager, réussir à faire perdurer le changement, et transmettre grâce à un retour d’expérience et une communication positive.

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Alexandra a donc choisi de se positionner du côté du défi en proposant de relever le challenge de l’engagement. Cette approche est à la fois pédagogique (elle est globale et durable), pratique (elle permet de donner à chacun un rôle d’acteur) et ludique (elle rend accessible et compréhensible une information). Elle a également choisi de se positionner du côté de l’habitant pour développer à l’échelle du logement des comportements responsables qui auront des répercussions à des échelles bien plus larges. Elle s’est intéressée à l’habitat parce qu’il est notre premier lieu de vie, c’est donc là que les changements doivent s’opérer.

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– Le produit : Skope, un objet connecté

Parmi les composantes de l’empreinte écologique, Alexandra s’est concentrée sur celles présentes dans l’habitat et sur lesquelles ont peut agir : l’alimentation, les déchets, l’énergie et l’eau. Skope se veut le reflet de nos actions, Alexandra a donc choisi de lui donner la forme d’un miroir.

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Cet objet est une horloge intelligente qui permet de centraliser l’ensemble des données relatives aux consommations et pollutions de l’habitat, de capter l’information pour la rendre visible et accessible en temps réel par une gestion optimisée, d’enregistrer les caractéristiques du logement pour adapter sa programmation de façon autonome, d’améliorer le confort des habitants tout en leur faisant faire des économies, de diminuer son impact environnemental et sa facture. Le designer se positionne ainsi comme un facilitateur mais aussi comme un accompagnateur. Il permet la collecte de données pour favoriser l’échange d’informations, il conçoit un produit communiquant et innovant répondant à un besoin, il encadre et manage des nouveaux usages à réapprendre par la pédagogie. Skope permet une visualisation du seuil d’amélioration en vue d’adopter des comportements responsables. Il permet de voir ce que l’on consomme, l’idéal à atteindre et les préconisations pour l’atteindre. Ces objectifs vont donc permettre aux futurs utilisateurs de se positionner, car comme le dit l’un d’entre eux « savoir que je consomme tant de kWh par jour, ça ne me parle pas. Par contre, savoir ce que je pourrais économiser si j’étais plus efficace, ça me parle ». Il s’agit donc de rendre ces informations lisibles et compréhensibles en temps réel, minute par minute. Skope permet un accompagnement progressif vers l’autonomie d’usages responsables. Par exemple, grâce à la détection et l’analyse des consommations, on permet une optimisation des équipements. Cet objet est également l’occasion d’introduire la discussion sur l’empreinte écologique dans le foyer.

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– Une application dédiée pour aller plus loin.

L’objet s’accompagne d’une application pour smartphone dédiée qui accompagne le changement au quotidien. L’horloge recueille, traite et renvoie les données collectées entre les dispositifs présents chez l’habitant. Cette information est reçue sur l’application. L’utilisateur remplit un profil afin de définir les paramètres et caractéristiques de son logement. L’utilisateur peut également visualiser ses données de consommation sur les mois précédents afin de les comparer aux données actuelles et voir comment elles évoluent. Grâce à un outil de synchronisation, l’utilisateur peut activer le dialogue entre les différents appareils. Les données de consommation sont ensuite recueillies, traitées et renvoyées entre tous les modules. L’utilisateur peut également gérer sa présence dans la maison. Il peut, par exemple, déclencher à distance son compteur, ou encore prévoir l’arrêt de certains équipements quand il s’en va pour une durée précise. L’utilisateur a également accès à des astuces et conseils proposés en fonction de son profil et de l’analyse de son mode de vie. L’application permet également de déclencher un mode « accompagnement » où l’utilisateur est passif et laisser le module contrôler les équipements de la maison pour une durée donnée. Le but est de proposer un apprentissage progressif pour aller vers une autonomie totale.

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Avec ce projet, Alexandra Abidji montre comment le designer peut se positionner dans la conception d’objets connectés, responsables et durables. Il permet de faciliter l’expérimentation d’éco-gestes au quotidien. Il comprend les besoins et envies de l’habitant aujourd’hui. Il permet d’appréhender des nouvelles possibilités en terme d’optimisation de l’impact environnemental. Il sensibilise sur la smart city, les smart grids et la domotique connectée. Enfin, il intègre des contraintes techniques et technologiques à son projet. Le designer amène donc ici à la réconciliation des notions de niveau de vie et de confort individuel avec la conscience collective et les enjeux du développement durable.

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