Hackathon La Centrale : quels résultats ?
janvier 21, 2016 par Zélia DARNAULT
À l’occasion de la transformation de la Centrale des Artisans Coiffeurs en un nouveau lieu dédié aux professionnels de l’audiovisuel, Stereolux, le cluster Quartier de la Création et la chaire Environnements connectés Banque Populaire Atlantique – LIPPI de L’École de design Nantes Atlantique se sont associés pour un hackathon autour des nouveaux dispositifs urbains et connectés. Ce hackathon s’est déroulé en partenariat avec Clear Channel, Blachère illuminations et LIPPI et a été animé par Valentin Gauffre (XLII Factory) et Cédric Mivielle (chaire Environnements connectés Banque Populaire Atlantique – LIPPI).
Un lieu stratégique au coeur du quartier de la création
La Centrale des Artisans Coiffeurs fait face à l’usine Beghin Say. Située au coeur du quartier de la création, cette future pépinière de 1200 m2 accueillera 50 entreprises (soit 121 postes de travail) orientées image, média et transmédia. 3 groupes transdisciplinaires composés d’étudiants de Master 2 de l’École de design Nantes Atlantique et de professionnels de la création (architectes, urbanistes, designers) ont travaillé durant 6 jours autour de problématiques liées à la future activité du site.
Un travail autour de 3 problématiques
Les différents groupes de travail ont été répartis autour de 3 problématiques distinctes :
– Ordinateur de bord : accueillir, informer et guider… Comment penser l’affichage et la diffusion de l’information à l’intérieur du bâtiment ? Comment rendre compte en temps réel de l’activité du lieu ?
– Signalétique lumineuse : orienter, divertir… Comment penser l’éclairage des espaces extérieurs du bâtiment ? Quels usages, quels modes de fonctionnement pour ces dispositifs lumineux ? Comment valoriser et rendre vivant cet espace, même de nuit ?
– Accès intelligent : sécuriser, optimiser… Comment imaginer l’entrée et la sortie du lieu ? Quelles interfaces pour améliorer les relations physiques entre le bâtiment et ce qui l’entoure ?
Les participants ont travaillé sur plusieurs phases : idéation, évaluation des concepts, prototypage. Deux autres phases (déploiement des concepts et retours utilisateurs) sont en cours. « Il s’agit ici de dépasser le format hackathon pour aller vers l’implantation d’un dispositif pérenne d’expérimentation sur la centrale des artisans coiffeurs dont les résultats seront publiés et partagés avec la communauté au fur et à mesure. Nous entrons de plain pied dans la phase d’expérimentation de la chaire grâce aux apports de la SAMOA et de Stereolux”, souligne Florent Orsoni, directeur de la chaire Environnements connectés Banque Populaire Atlantique – LIPPI.
3 concepts retenus
Pour répondre aux problématiques proposées, les étudiants et professionnels se sont intéressés à trois typologies d’objets : un portail (fourni par la société LIPPI), une borne multimédia (fournie par Clear Channel), des systèmes d’éclairage et d’illuminations (fournis par Blachère illuminations). Ces différents objets ont pu être hackés et augmentés, donnant lieu à de nouveaux usages et services, grâce à des capteurs disséminés à différents endroits du bâtiment. L’idée centrale est aussi de rendre compte, par ces objets, de la captation de ces données et de la réception par l’utilisateur. Il s’agit en un mot d’urbaniser la technologie. Quels concepts ont été retenus ?
– Lumi, par Pauline Bréchet, Charlotte Girard et Léa Mahieux
Le projet Lumi propose de réinventer les fonctions de l’éclairage du bâtiment à travers deux idées principales : identifier et divertir. Pour Pauline Bréchet, Charlotte Girard et Léa Mahieux, il s’agit de réussir à rendre compte de l’activité et du pouls du bâtiment en temps réel : « La façade du bâtiment est très caractéristique du style des année 1970 et ne permet pas de connaître les nouveaux usages du bâtiment. Nous avons donc cherché à voir comment une même façade peut traduire les mutations et changements d’activités d’un bâtiment grâce à la lumière ».

Comment une même façade peut traduire les mutations et changement d’activités d’un bâtiment à travers la lumière ?
Pour cela, elles se sont inspirées du projet du designer Ruedi Baur au quartier des spectacles de Montréal pour réussir à identifier l’activité du bâtiment à travers des jeux de lumière. L’intervention prend place sur la façade côté boulevard et la façade côté parking, elle s’appuie sur des capteurs de mouvement et de bandes passantes qui vont permettre par l’intensification lumineuse ou le changement de couleur de se rendre compte des activités qui prennent place dans le bâtiment. Cette démarche, pleinement ancrée dans la notion de mutations du cadre bâti, permet de communiquer sur le bâtiment et ses activités, de revitaliser un quartier à travers une démarche poétique, de mettre en valeur l’identité de la SAMOA autour de la notion de créativité, de guider les différents usagers et enfin de les divertir.
Ce projet reproductible sur d’autres façades de bâtiments pourrait même être à terme une signature du cluster quartier de la création. L’approche s’inscrit dans une démarche d’ « écrire l’espace civique » dans l’esprit des projets de Ruedi Baur.
– Frontage(s), par Jérôme Chabot, Hugues Louradour et Maria Martin
Le projet proposé par Jérôme Chabot, Hugues Louradour et Maria Martin traite de la question de l’accès au site à travers le portail et la notion de frontage. Le problème est le suivant : le site ne compte que 21 places de parking pour 128 occupants. De plus, le parking se veut être un espace flexible qui s’adapte en fonction des besoins et activités du bâtiment (projections en plein air, soirées festives…). Les étudiants et professionnels ont également soulevé un paradoxe : le lieu est ouvert au public qui doit donc inviter les usagers à entrer, tout en répondant à un besoin de sécurité par la présence d’un portail. Il faut penser l’optimisation de l’espace. La majeure partie de l’intervention a, de fait, porté sur ce que l’on qualifie de « portail à haut niveau de service » : « Nous avons pensé un portail intelligent et augmenté pour travailler sur la qualité d’accueil du site. Le portail n’est plus un espace clos mais il s’adapte et régule l’espace selon la fréquentation et la demande. On peut par exemple envisager de créer des règles du jeu : un portail fermé la nuit, semi ouvert en journée pour permettre l’accès aux piétons et ouvert quand une voiture désire entrer ».
Pour résoudre la question de la fréquentation, ils ont choisi, à l’aide de capteurs de présence installés dans le parking, de monitorer l’occupation du parking afin d’identifier une tendance et de proposer des contrats de location adaptés aux besoins réels de chacun. Il s’agit alors d’optimiser l’usage d’un espace qui n’est ni tout à fait parking, ni tout à fait espace festif, ni tout à fait privé, ni tout à fait public : le frontage.
– Chantrale, par Alexandra Abidji, Jianchao Ma, Warren Marshall et Thibault Moinard
Le troisième groupe s’est attaché à revisiter les fonctions d’accueil, de guidage et d’information à destination des différents usagers grâce au détournement d’une borne multimédia Clear Channel : « nous avons pensé une borne communicante qui serait avant tout un outil de mise en relation… Relation entre les différents acteurs qui investissent le lieu, mais également et surtout relation des acteurs de la centrale aux données ».
Plusieurs capteurs ont été installés à l’intérieur du bâtiment permettant de rendre compte, par exemple, des différentes activités des co-workers, de la température, de la consommation du bâtiment, etc. Cette borne comprend deux faces, l’une est installée vers l’extérieur du site, l’autre vers l’intérieur. La façade extérieure sert avant tout à l’accueil des visiteurs. Elle donne des informations sur les activités qui se déroulent à l’intérieur du bâtiment, les projets développés par les différentes start-up, elle permet de trouver son interlocuteur et de voir comment s’orienter dans le bâtiment. Ils ont aussi envisagé que cette borne puisse communiquer avec l’extérieur du bâtiment.
La façade intérieure permet de gérer les activités et les espaces pour répondre au besoin de monitorer l’environnement de travail commun et partagé. Elle rend compte de ce qui est capté dans le bâtiment et donne des informations complémentaires : la consommation d’énergie, la météo locale, les différentes activités et projets développés par les start-up, les actualités de la SAMOA, l’agenda des salles de réunion ou encore un « chat interne » à la Centrale. L’objectif est donc de communiquer de façon différente et de faciliter la mise en réseau des différents co-workers.
Ces différents systèmes sont maintenant en cours d’étude et d’implantation sur le site de la Centrale par la SAMOA. Ils sont développés de manière « ouverte », c’est à dire qu’ils pourront être reproduits sur d’autres sites, ou enrichis au cours d’autres expérimentations. Ils seront également installés de manière progressive, notamment sur la question des parkings. Pour évaluer ces approches, la chaire Environnements connectés Banque Populaire Atlantique – LIPPI met en oeuvre un dispositif d’observation sur les usages (en mode living lab) piloté par Hilda Zara, chargée de recherche, pour voir comment déployer et enrichir la démarche et les protoypes.