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L’École de design Nantes Atlantique 30 ans d’histoire (2)

Ce texte fait suite à une première partie (1988-1998) qui retrace l’histoire de L’École de design Nantes Atlantique.

2 – L’École de design Nantes Atlantique : un changement profond de culture (1998-2008)

2.1 Le design affirmé dans ses dimensions managériales et économiques.

L’installation de l’établissement sur le site de la Chantrerie en janvier 1998 s’est organisée sous l’égide d’un  nouveau directeur nommé par la Chambre de Commerce et d’Industrie Nantes-Saint-Nazaire. La culture managériale de Christian Guellerin, son expérience professionnelle aux États-Unis et son charisme ont amorcé une transformation assez radicale de l’école, avec une équipe qui s’est rapidement agrandie et à la faveur d’ une décennie riche en évolutions pour le design. L’École de design des Pays de la loire est devenue une grande école reconnue à l’international. L’ambition était de s’extraire d’une image arts appliqués restée très forte en France pour affirmer la dimension économique et managériale d’un métier de création au sein du monde industriel. L’installation à la Chantrerie a d’ailleurs suscité beaucoup de curiosité au départ. Quels étaient ces « artistes » qui débarquaient au milieu des grandes écoles d’ingénieur ? Les équipes antérieures s’interrogeaient aussi sur l’équilibre à trouver entre les fondamentaux du design et cette nouvelle culture managériale.

L’ambition était de donner aux étudiants des perspectives de carrière à la hauteur des étudiants des grandes écoles de management. Mais certains s’inquiétaient d’une assimilation du design aux métiers du marketing… Les compétences techniques, le travail en atelier ne risquaient-il pas d’être minimisés ? Ces questions autour d’une déontologie du  design par rapport au marché sont anciennes et ont largement alimenté les débats critiques des années 60. Roger Tallon (1987)[1]disait que les critiques « ignoraient les fondements du design moderne », dont l’objectif était « l’amélioration de la qualité de vie » et non le « business ». Mais il citait aussi en exemple à suivre les Etats-Unis où l’activité du design industriel avait été institutionnalisée dès les années 1950, avec « un designer portant la responsabilité de la définition des produits conçus en coordination avec le personnel du marketing et celui du service technique ».

Ayant assisté à un colloque au Centre Pompidou en 2000, Designer pour demain[2], avec de nombreux professionnels, enseignants, directeurs d’école et représentants de différents ministères, j’ai pu me rendre compte que ces anciennes questions ressurgissaient à la faveur d’une mutation des métiers du design, du statut des designers, de leur place dans l’entreprise. Concernant l’enseignement, la pédagogie par projet apparaissait comme une orientation partagée entre les écoles. Elle soulevait aussi beaucoup d’interrogations que nous partagions, celles de l’articulation entre pratique et théorie, de la délimitation entre le champ de la pédagogie et celui des réalités professionnelles, des avantages et limites d’un enseignement confié à des designers professionnels, de la spécificité du design par rapport aux autres métiers.

Mais il fallait affirmer une position forte pour devenir une grande école et assurer son développement. Celle-ci a reposé sur la conviction que les liens établis avec les entreprises et les pôles de compétitivité génèreraient une émulation,  et pour certains une acculturation au design, favorables à l’embauche des étudiants et à la reconnaissance du niveau stratégique du design pour leur développement.

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Christian Guellerin, directeur et Jean-Pierre Cahingt, président. A l’occasion de l’accueil à Paris de Dyson Démo. 10 projets d’étudiants étaient exposés sous le thème  » Les micro-révolutions du quotidien » (DY 15 – déc 2002)

Signal important de ce positionnement, à l’initiative de Christian Guellerin et avec le concours de Jean-Luc Barassard étaient organisés le 11 mai 2000, à l’occasion d’une journée de l’Économie, les premiers Trophées de Design Stratégique[3]pour le Grand-Ouest, présidés par le directeur général d’Apple France (Thomas Lot).  Étaient récompensés, Ampa France, Bébé Confort, Assidomän Siemco, Bénéteau et Wirquin.

1er trophées de Design Stratégique organisés par L'École de design Nantes Atlantique 11 mai 2000, sous la présidence de Thomas Lot, Apple France et de Jean-Pierre Cahingt, président de L'École.
1er trophées de Design Stratégique organisés par L’École de design Nantes Atlantique 11 mai 2000, sous la présidence de Thomas Lot, Apple France et de Jean-Pierre Cahingt, président de L’École. DY 5 Juin – 2000

Le témoignage de Richard Neill, qui intervenait régulièrement au cours des séminaires organisés chaque année[4], souligne parfaitement l’identité affirmée de l’école :

Au-delà de sa vocation première, une école de design doit aussi se charger de faire connaître le métier dans le périmètre qu’elle s’est fixée et créer des opportunités professionnelles pour ses futurs diplômés. Mais une école peut également à travers des formes de partenariats adaptées à son statut, contribuer utilement au développement de la région dans laquelle elle se situe. C’est de toute évidence une orientation qu’a prise L’École de design Nantes Atlantique et ce qui la distinguera des autres formations. C’est ce qui explique aussi la raison pour laquelle je propose toujours des thèmes ou des problématiques d’intérêts généraux dans les séminaires que j’ai le plaisir d’animer chaque année à l’école de design.

Jean-Luc Barassard a poursuivi cette mission de promotion du design parallèlement à la mise en place des partenariats pédagogiques, des suivis de stage et réseaux des anciens[5], avec l’organisation d’une journée « Design développement », à partir de  2004, l’organisation de manifestations autour des liens entre design et innovation, la création d’un club des designers intégrés en 2007, des expertises pour les entreprises et les collectivités, des offres de formation continue…

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Le club des designers intégrés, DY 31 – juin 2008
L'équipe Stratégie entreprise autour de Jean-Luc Barassard, Do you speak good design n° 29 (novembre 2007)
L’équipe Stratégie entreprise autour de Jean-Luc Barassard,
DY 29 – novembre 2007

Dans ce contexte de professionnalisation, le cursus passait à 5 ans avec un semestre de stage de pré-intégration professionnelle. Le traditionnel « chef d’œuvre » marquant la fin des études en arts appliqués devenait un des maillons d’une soutenance axée sur un parcours d’acquisition de compétences et  sur la projection professionnelle. Le jury pour le diplôme a été réorganisé avec pour principe de réunir deux designers professionnels, un représentant du monde de l’entreprise et un représentant institutionnel.

Diplômes 2001 Do You speak good design, n° 8
Diplômes 2001
DY 8 – avril 2001

Cette position suscitait là encore une certaine défiance qui se manifestait par la crainte d’une perte de compétences en design au profit d’une valorisation de la communication et d’une approche relevant plus du marketing que du design. Les débats sur le sujet ont eu le mérite de maintenir une vigilance envers la qualité du projet de fin d’études pour lequel l’étudiant devait avoir été validé avant de se présenter devant le jury final.

Étudiants en projet de fin d'études 2002 Do you speak good design n° 12
Étudiants en projet de fin d’études 2002
DY 12 – mars 2002
Jury de diplôme 2002 sous les présidences de Gérard Caron et Gérard Moquin Do You speak good design n° 14
Jury de diplôme 2002 sous les présidences de Gérard Caron, Directeur général SCOPES et Gérard Moquin, Directeur WebDesign Factory DY 14 – septembre 2002

Le développement de l’international a été le deuxième axe fort qui allait permettre de prendre de la hauteur.

2.2 Une ambition internationale

Le stage d’un semestre à l’étranger était devenu obligatoire dès 1999, avant même d’obtenir une accréditation Erasmus et l’école avait rejoint en avril 1999 l’association internationale Cumulus (réseau d’écoles d’art et de design créé en 1990). L’accompagnement d’un nombre croissant d’étudiants dans la recherche d’une destination, la gestion des échanges tant sur le plan pratique que pédagogique a reposé sur la petite équipe de direction avant la création d’un service international en 2003.

Les moments forts des premiers contacts ont été les rendez-vous Cumulus à Ljubljana (Slovénie) en octobre 1999. Les transformations des pratiques du design face à l’évolution des marchés et des technologies étaient au centre des débats du colloque. C’est à Ljubljana que les premiers accords, qui n’ont cessé de se renforcer depuis, ont été établis avec le Politecnico de Milan, permettant d’y envoyer des étudiants l’année suivante. Les liens ont également été renforcés avec l’université de Montréal et en 1998 un partenariat avec l’UQAM (Université du Québec à Montréal) a aussi été établi,  à la faveur d’une rencontre avec un de ses professeurs, Nelu Wolfensohn. Graphiste et créateur d’affiches, Nelu Wolfensohn est intervenu à de nombreuses reprises à l’école, en conférence et en séminaire[6]. Les échanges avec l’Université de Montréal ont permis dès 1998, des échanges réguliers avec Alain Findeli, professeur-chercheur et théoricien du design que je connaissais à travers ses écrits et les témoignages enthousiastes des étudiants[7].

A cette époque, l’école s’est aussi distinguée par un deuxième prix au « National Design Competition 2000 » de Chicago, obtenu par trois étudiants[8]en séjour d’études à Milwaukee (MIAD) sous la direction de Pascal Malassigné, designer français installé aux Etats-Unis[9]. J’ai alors eu l’occasion de suivre pendant une petite semaine un show à l’américaine autour du design, avec la présentation à différentes chaînes de télévision de leur projet, le « Suzan Indoor Grill »…

2ème prix du "National Design Competition"; Chicago Cynthia Bodin, Laurent Grellety et Harold Noël Sous la direction de Pascal Malassigné
2ème prix du « National Design Competition »;
Chicago
Cynthia Bodin, Laurent Grellety et Harold Noël
Sous la direction de
Pascal Malassigné, directeur du design MIAD Milwaukee – DY 4 – mars 2000

Les débuts d’internationalisation de l’école ont aussi été marqués par une participation active à une exposition lancée par la Société des Artistes Décorateurs, parrainée par le Ministère de l’Éducation nationale et le Ministère de la Culture et de la Communication, « European Way’s) of life » (3-12 mai 2002). L’école faisait partie du comité de pilotage de l’exposition et présentait des projets d’étudiants. Jean-Patrick Péché y exposait aussi une version d’une botte anti-mines, projet autour duquel il avait constitué un groupe de recherche, en marge de son agence[10].

European Way(s) of Life Carroussel du Louvre, 14-12 mai 2002 Do you speak good design n° 10 (sept 2001)
European Way(s) of Life
Carroussel du Louvre, 14-12 mai 2002
DY 10 – septembre 2001

La reconnaissance de l’école à l’international a été rapide en ce début des années 2000.

Une première classe internationale a été créée en 2003 pour accueillir des étudiants étrangers et en même temps permettre une intégration parallèle d’étudiants français pouvant bénéficier d’un enseignement en anglais[11].

Cette même année, où l’école doublait de surface sous l’égide de la CCI Nantes-Saint-Nazaire, avec le soutien de Nantes Métropole, du département de Loire-Atlantique et de la Région des Pays de la Loire de la CCI, elle s’engageait à accueillir le colloque 2006 du réseau Cumulus.

Jacques Auxiette, Président de la Région des Pays de la Loire, Patrick Maréchal, Président du Conseil Général de Loire-Atlantique, Jean-Marc Ayrault, Président de Nantes Métropole? Jean-François Gendron, Président de la CCI. Le cordon inaugural est coupé par Yrjo Sotaama, REcteur de l'Université d'Helsinki et Past-président de Cumulus Photo du 15 juin 2006 - DY 31 - juin 2008
Jacques Auxiette, Président de la Région des Pays de la Loire, Patrick Maréchal, Président du Conseil Général de Loire-Atlantique, Jean-Marc Ayrault, Président de Nantes Métropole, Jean-François Gendron, Président de la CCI. Le cordon inaugural est coupé par Yrjo Sotaama, Recteur de l’Université d’Helsinki et Past-président de Cumulus
Photo du 15 juin 2006 – DY 31 – juin 2008

Profitant de la venue exceptionnelle de 300 congressistes internationaux, les écoles françaises du réseau[12]ont proposé de reconduire à Nantes l’exposition « European way(s) of life » de 2002. Cela a été l’amorce d’un projet ambitieux intitulé « Intelligence design » pour lequel une équipe spécifique a été mise en place sous la coordination générale de Frédéric Degouzon. Il comportait une exposition au Lieu Unique sur dix thématiques[13]et un colloque sur le thème « Design, Éthique et Humanisme ». Six sujets étaient retenus, « Design for all » et conception inclusive ; économie solidaire et commerce équitable, emploi-design et désindustrialisation ; entreprise et éthique sociale, éthique et enseignement du design «, dont les principales contributions ont paru dans les actes de colloque Cumulus publiés par l’Université d’Helsinki[14]. « Intelligence design », c’était aussi un forum économique destiné aux entreprises, « Rencontres Innovation Design » et un atelier international à l’Abbaye Royale de Fontevraud sur le thème : « Objectif : Croire ». J’ai insisté sur cet événement car je pense, avec le recul, qu’il a été une étape importante pour la refonte pédagogique de l’école au niveau master dans les années qui ont suivi et un début d’acculturation à la recherche.

European Way(s) of life Annonce de l'évènement DY 23 - mars 2005
European Way(s) of life
Annonce de l’évènement
DY 23 – mars 2005
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European Way(s) of life 2006 17 juin-10 septembre 2006, Lieu Unique – DY 26
Conférence dans le cadre de l'exposition "Objectif: croire" sur les croyances de la modernité J. Le Boeuf DY 27 - novembre 2006
Conférence dans le cadre de l’exposition « Objectif: croire » sur les croyances de la modernité
J. Le Boeuf
DY 27 – novembre 2006

En cette première décennie des années 2000, Christian Guellerin très engagé pour défendre le design sur la scène internationale, a été le premier président français de l’association Cumulus (2007), fonction qu’il occupera pendant 2 mandats jusqu’en 2018. Voici ce qu’il en disait (DY 27 – novembre 2007) :

(…) Je mesure combien la responsabilité est grande… mais la mission est tellement passionnante… celle de faire que Cumulus soit au service de toutes nos institutions, au service des étudiants, au service de la création. Il s’agit de réfléchir au monde dans lequel nous vivrons demain. Je suis fier d’inscrire mon mandat de Président dans cette perspective .

Christian Guellerin Président de Cumulus DY 29 - novembre 2007
Christian Guellerin
Président de Cumulus
DY 29 – novembre 2007

Enfin en 2008, avec le soutien du Conseil Régional des Pays de la Loire, une première antenne de l’école était créée en  Chine, à Qingdao les premières années et ensuite à Shanghai[15]. Après leur 3èmeannée d’études, les étudiants pouvaient choisir de passer leurs deux années de master dans un environnement économique et culturel en Asie. Le master[16]interculturalité était né, sur un programme pédagogique piloté depuis Nantes et basé sur une maquette identique à celle des autres formations en master de l’école. Il sera suivi quelques années plus tard par des antennes en Inde, au Brésil, au Québec et bientôt au Bénin.

L'École de design en Chine Maud-Andrea Bidet, chargée de développement et une étudiante DY 31 - juin 2008
L’École de design en Chine
Maud-Andrea Bidet, chargée de développement et une étudiante
DY 31 – juin 2008
Mathilde Fourreau, Adrien Nazez, Gwénolé Lefebvre, Promo 2006 en Chine DY 32 - novembre 2008
Mathilde Fourreau, Adrien Nazez, Gwénolé Lefebvre, Promo 2006 en Chine
DY 32 – novembre 2008

2.3 Le numérique, pratiques et cultures du design en question 

Je reprends ici un texte de Frédéric Degouzon, premier responsable des formations hypermédia, écrit à l’occasion des 20 ans de l’école en 2008 car il me paraît résumer de manière limpide comment la culture numérique est entrée à l’école

Je me souviens très bien de ce défi un peu fou lancé par Christian Guellerin en octobre 2000 : créer de toutes pièces une filière nouvelle, exploitant les possibilités offertes par la technologie numérique, dans un établissement dont la légitimité s’était construite autour du design industriel. Nous étions dans ce qui n’était pas encore une bulle, dans une effervescence nouvelle autour des usages à imaginer de cette grande interconnexion planétaire appelée Internet, ouverte au grand public quelques années auparavant. J’ai eu la chance d’avoir pu m’entourer d’une équipe de jeunes gens qui s’est constituée très vite : moins de 3 mois ! Malgré des parcours différents, nous partagions tous la même conviction intime que la technologie numérique allait bouleverser tout notre environnement matériel, social et culturel. Je pense aujourd’hui, malgré la dépression des années suivant l’éclatement de la « bulle internet », malgré les erreurs et les naïvetés qui ont pu nous animer parfois, que nous avions sans doute tout de même raison ! En 2002, après deux promotions pionnières, « hypermédia » est devenue une option d’un cycle de 5 ans, aux côtés du produit, (…). L’option a grandi en exigence, en maturité et en assurance, en posant la question du lien entre interface et service, hardware et software, objet tangible et système logique. La question de la légitimité du design d ‘interactivité ne se pose gère plus, mais les « hommes en noir » qui se réunissaient de façon presque secrète sont toujours là pour accompagner les étudiants et interroger leurs pratiques dans un monde toujours plus investi par la technologie.

Frédéric Degouzon avait été introduit dans l’équipe de l’école comme enseignant dans le cadre d’une création de modules de formation continue au tournant des années 2000, sous la direction de Jean-Michel Francillon. Il s’agissait d’une formation d’initiation ou de perfectionnement aux techniques et projets multimédias d’entreprise, qui s’adressait aux responsables de projet et équipes de développement souhaitant s’initier à la mise en œuvre de bases de données sur site Web et maîtriser les fonctionnalités d’outils logiciels récents. C’est aussi autour de cette initiative que la culture numérique a été développée dans l’école. Jusqu’à cette période, les enseignements en infographie et connaissance du Web étaient pris en charge par des designers graphiques parisiens qui intervenaient en séminaire[17]. Une nouvelle équipe nantaise se mettait en place. La formation multimédia avait aussi donné l’occasion de poursuivre une collaboration avec la revue 303 (Arts, Recherche et Créations) portée par la Région Pays de la Loire. En 2000 un cédérom « 25 ans d’architecture contemporaine en Pays de la Loire » répertoriant 1500 bâtiments de la région était produit, avec également le concours de l’Union Régionale des CAUE (Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement).

L’année 2001 a vu aussi la réorganisation de l’ enseignement en première année . Cette décision m’avait donné l’opportunité de faire appel à Stéphane Gouret, à qui j’avais proposé de réintégrer l’équipe pédagogique quelques mois auparavant, pour renforcer, comme designer ressource auprès des étudiants, une équipe design composée de professionnels qui intervenaient ponctuellement à l’école. A l’issue de cette première année préparatoire, il était déjà proposé aux étudiants de rejoindre la filière  hypermedia, au départ cycle court de deux ans avec un diplôme d’école.

Les premiers projets de fin d'études Hypermedi@ DY 14 - 2002
Les premiers projets de fin d’études Hypermedi@
DY 14 – 2002

Un dossier auprès de l’Enseignement supérieur a également été mis en œuvre à cette période pour que les étudiants aient droit aux bourses. Ce dossier a évolué en demande de reconnaissance à délivrer un diplôme visé, après avis du Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. En juillet 2002, l’habilitation était obtenue pour un diplôme de niveau 1. Très rapidement la décision a été prise de reprendre l’ensemble de la maquette pour introduire la filière hypermédia dans la formation initiale en cinq ans. C’était un défi car cela supposait de faire évoluer la maquette déposée pour le dossier de reconnaissance sans savoir jusqu’où il était possible d’apporter des modifications. La décision a été prise de garder un tronc commun important et d’introduire les spécificités de chacune des formations dans des ateliers optionnels, en technique et en projet. Puisque un positionnement international était revendiqué, autant aussi directement réorganiser l’ensemble des cours sur le principe des ECTS (European Credits Transfer System) facilitant la reconnaissance académique des études à l’étranger[18].

La rigueur que cela imposait s’est révélée bénéfique pour la refonte pédagogique intégrant la formation hypermedia. La mise en place des formations suivantes, design d’espace en 2007 et design graphique en 2009, ont pu en bénéficier.

Ouverture de la formation design d'espace en formation initiale DY 32 - novembre 2008
La  formation design d’espace en formation initiale ouverte aux étudiants issus du BTS
DY 32 – novembre 2008

Ces nouvelles formations ont été présentées comme des options au tronc commun design. La maquette d’enseignement au design industriel qui avait servi de base était respectée dans la répartition entre les différents pôles d’enseignement, les séminaires, l’organisation pédagogique en général. Les renouvellements de visa qui se sont succédés au fil des années ont permis une certaine souplesse, avec la possibilité d’apporter un enrichissement par la spécificité des cultures de chaque métier. En particulier pour le design d’espace, des démarches ont été entreprises pour une reconnaissance de la formation par le CFAI (Conseil français des architectes d’intérieur)[19].

L’harmonisation entre les Options avait entraîné l’organisation d’une transversalité par pôles, regroupant les enseignements de culture générale, culture technique, projet, modes d’expression et culture économique/professionnalisation, avec des enseignants plus spécifiquement chargés de leur animation et de veiller à l’établissement en bonne et due forme des programmes pédagogiques de chacun, établis sur une trame commune[20].

Design industriel et Hypermedi@ : les projets de fin d'études 2003 DY 16 - mars 2003
Design industriel et Hypermedi@ : les projets de fin d’études 2003
DY 16 – mars 2003

Grâce à l’arrivée du numérique, des outils facilitant les échanges ont été développés. Le campus virtuel commençait à prendre forme, avec une plate-forme de pilotage de projet intégrée sous l’égide de Frédéric Degouzon et d’un enseignant en programmation et projet, Yann Le Guennec, qui avait réalisé la maquette d’un service de pilotage collectif de projet (le PCP), fonctionnel à la rentrée 2003[21]. Le PCP était conçu pour les projets en partenariat afin de favoriser les échanges entre encadrants de projets et partenaires. Des liens étaient établis avec les étudiants pour les sujets, calendriers, documentation, etc. Chaque partenariat faisait donc l’objet d’une ouverture de contribution à la plateforme. Je me suis intéressée rapidement à un usage détourné de cet outil en créant un espace spécifique pour l’équipe pédagogique, appelé l’Atelier du projet. Celui-ci permettait de mettre en commun les questionnements et propositions pédagogiques des différents pôles.  Actuellement où beaucoup d’applications concurrencent largement cet outil, il est néanmoins toujours utilisé pour afficher les projets en cours et les groupes d’étudiants concernés. Mais la plateforme d’échanges entre enseignants, qui a fonctionné plus d’une dizaine d’années a vu petit à petit son activité diminuer, remplacée par d’autres moyens d’échanges entre les différentes formations. L’Atelier du projet, où tout le monde était invité à partager, devenait le dinosaure des pionniers d’une époque où l’école était encore suffisamment petite pour que cela ne paraisse pas trop utopique.

2.4 La reconnaissance académique et l’élargissement des offres de formation

La Reconnaissance par l’État et l’obtention du visa du diplôme, paru au Journal Officiel en septembre 2002, a été une belle reconnaissance, suivie par l’admission en 2005 à la Conférence des Grandes Écoles.  Cette même année s’était établi un rapprochement avec l’université de Nantes pour l’ouverture d’un double diplôme avec l’IAE (actuellement master Management et Administration des Entreprises, option Management). Quelques années plus tard, en 2008, c’était le début d’un partenariat avec l’ENSAM Laval (Arts et Métiers ParisTech) pour un double diplôme en Réalité virtuelle[22]. Un partenariat avait également signé avec l’Université Technologique de Sarasate (Pays Basque espagnol), lié au groupe industriel Mondragon qui permettait aux étudiants ingénieurs de passer deux ans dans notre établissement pour acquérir le diplôme de design. Ce partenariat a permis de diplômer pendant plusieurs années, des étudiants du Pays Basque espagnol, avant qu’une formation au design ne soit créée dans leur propre établissement d’origine.

La partenariat avec l'université de Sarasate du groupe Mondragon (Espagne)- Jocelyne Le Boeuf avec les enseignants et étudiants de Mondragon DY 18 - septembre 2003
La partenariat avec l’université de Sarasate du groupe Mondragon (Espagne)- Jocelyne Le Boeuf avec les enseignants et étudiants de Mondragon
DY 18 – septembre 2003

Les formations au BTS ayant été dissociées de la formation initiale, celles-ci cependant étaient poursuivies sous la responsabilité de Stéphane Gouret qui a monté en 2006 le premier Centre de formation d’apprentis (CFA) de la création et de l’innovation, soutenu par la Région des Pays de la Loire. Il n’existait pas alors de formation en apprentissage pour les métiers du design et cette création témoignait d’un engagement à développer une formation rémunérée pour les étudiants et propice à la promotion du design au plus près des entreprises. Trois premiers BTS ont vu le jour, un BTS design de produits, un BTS design d’espace et un BTS Systèmes Constructifs Bois Habitat, en partenariat avec l’École supérieure du bois. Une formation BTS Design de communication, espace, volume en formation initiale avait aussi été créée en 2009[23]. Le BTS a ensuite été abandonné au profit de la création d’une formation en scénographie dans l’option design espace en cycle long. Un BTS Design graphique option médias numériques sera mis aussi mis en place en 2015.

Parallèlement à ce qui constituait le tronc principal de l’école entre formation initiale, puis formation en apprentissage, de nombreux autres projets ont vu le jour, un Mastère Marketing, Design et Création avec Audencia en 2002, un BTMS ébénisterie en partenariat avec la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de Loire-Atlantique, une licence professionnelle Métiers du design avec l’IUT de Nantes (2008), un partenariat avec l’université de Nantes (IUT de La Roche-sur-Yon) pour une licence pro sur les métiers du livre, Éditions Jeunesse Multisupports (2008).

Par l’offre de formation, la reconnaissance des diplômes et les nombreux partenariats institutionnels, cette période a été prolifique et a posé les premiers jalons et questionnements autour d’une formation au design élargie qui accompagnait les mutations technologiques, sociales et économiques de cette première décennie 2000.

2.5 L’enseignement du design en devenir

La formation en 5 ans ayant été dissociée du BTS, il devenait possible de remodeler la maquette pédagogique, qui entre 2002 et 2007, comprenait deux options : produit et hypermédia. Nous avions travaillé avec les plus anciens des enseignants sur l’idée d’intégrer au projet les différentes matières enseignées. Il s’agissait de consacrer un semestre aux enseignement généraux et un semestre aux projets en partenariat, avec une souplesse d’emploi du temps qui permettrait une implication des enseignements de matières générales autour du projet. Toujours dans cette idée de tronc commun, un certain nombre de séminaires, en particulier de sciences humaines,  étaient partagés entre les étudiants des deux options.

Cette rencontre entre la culture du design industriel (sous la direction de Jean-Patrick Péché) et celle du numérique (sous la direction de Grégoire Cliquet), a été riche en innovation pédagogique. L’enseignement du produit et les méthodes de gestion de projet introduites les années précédentes restaient la base de l’enseignement, mais étaient bousculées par les apports de ces nouvelles technologies. L’hypermédia était-il simplement caractérisé par un apport technique, un enseignement en labo informatique, équivalent de l’atelier maquette du design industriel ? Certains le pensaient et ne percevaient pas encore qu’il y avait là une dynamique qui bouleverserait nos environnements et usages. Les débats se polarisaient encore sur l’opposition entre les outils de représentation traditionnels et l’usage d’outils informatiques…

L'informatique ambiante : nouveaux défis pour le design - Article de Grégoire Cliquet DY 28 - mars 2007
L’informatique ambiante : nouveaux défis pour le design – Article de Grégoire Cliquet
DY 28 – mars 2007

Pour ma part, une « déformation » historienne m’amenait à penser que nous reprenions, dans un contexte technologique et industriel en mutation, les débats, rencontres et frictions entre arts appliqués et design. L’esprit créatif et bricoleur des passionnés du Web allait participer à l’émergence de nouvelles réalités industrielles. Cela a eu pour conséquence  de réinterroger la place de l’atelier en produit[24]. Un des chantiers a aussi porté sur les méthodologies de projet. Je proposais de mettre en place un groupe de réflexion sur cette question, où se posaient les questions de l’articulation entre les différentes étapes classiques du projet, de leur validation, et des formes d’expérimentation itératives. Dans les matières générales, de nouvelles approches émergeaient, comme celle autour de la notion d’intertextualité introduite par Virginie Braud dans les cours de français. Laurent Neyssensas lançait des séances de veille qui abordaient tant les mutations technologiques que sociétales et économiques. L’objectif était de comprendre, expérimenter et acquérir des méthodes de travail, de recherche, d’analyse et de représentation de l’information pour concevoir des scénarios prospectifs, en particulier autour du design de service. Un groupe de travail se mettait en place, avec également Anne Delfaut, Philippe Blanchard et Nathalie Ciprian. A partir de 2011, la démarche initiée en culture numérique s’est étendue aux autres options au fur et à mesure du développement de l’école.

Grégoire Cliquet qui avait pris la responsabilité pédagogique de l’hypermédia sur un temps partiel, consacrait l’autre partie de son temps à une thèse sur les méthodes d’innovation à l’ère des réseaux sociaux (au sein du laboratoire Présence et Innovation, ENSAM, Laval). Cette équipe nouvelle, en pleine effervescence, qui présentait différents profils, artistiques et techniques, a de son côté bénéficié de l’ancrage dans des réalités économiques et de culture d’entreprise apporté par l’équipe de design industriel.  L’idéal de la partition des deux semestres a dû s’assouplir devant les réalités imposées par les partenariats et le souhait des étudiants de pouvoir faire du projet tout au long de l’année. La superposition des emplois du temps de cours et séminaires a dû également évoluer. Mais le croisement des cultures au sein d’un tronc commun est sans doute ce qui a constitué la forte originalité des méthodes pédagogiques de l’école et installé les bases sur lesquelles les autres options allaient pouvoir se développer, le design d’espace à partir de 2007 et le design graphique à partir de 2009[25].

Au conseil scientifique de 2008, un programme ambitieux était annoncé pour l’évolution des enseignements de 4èmeet 5èmeannées. Plusieurs facteurs ont été alors déterminants. L’arrivée dans une 4èmeannée commune de nos étudiants en hypermédia a permis de re-questionner un enseignement qui s’était construit sur le design industriel. Comment construire une cohérence interdisciplinaire et faire évoluer les méthodes d’accompagnement au projet de fin d’études ? Nous commencions également à nous poser la question de l’introduction de la recherche à l’école, du renforcement et de la mutualisation des connaissances de nos étudiants autour des projets. Cela avait amené un renforcement de l’accompagnement aux recherches amont dès la 4èmeannée pour le projet développé l’année suivante, mais cette forme d’encadrement restait très individuelle. Il était nécessaire d’organiser des ateliers plus structurés et collectifs,  permettant de croiser les travaux de veille, renforcer les liens entre les designers encadrants et les enseignants qui avaient en charge le suivi des mémoires de recherches préliminaires pour le projet[26]et les intervenants en sciences humaines. Nous avions par ailleurs constaté que les thématiques de recherche des projets de fin d’études déterminaient un certain nombre de problématiques récurrentes. Cela a conduit dans un premier temps à organiser en 4èmeannée des ateliers de recherche autour de ces thématiques pour organiser ensuite les suivis du projet de fin d’études dans le cadre de ce que nous avons appelé des options majeures. Six options majeures étaient proposées aux étudiants à partir de 2009, Innovation responsable, interfaces tangibles, nouvelles pratiques alimentaires, mutations du cadre bâti, réalité virtuelle en partenariat avec Arts et Métiers, interculturalité et, à partir de 2010, Nouvelles mobilités[27]. Un premier pas était franchi qui conduisait le second cycle vers une coopération des métiers du design autour de thématiques sociétales et économiques et vers la création de nouveaux programmes de masters.

Mobilité raisonnée, la question du transport urbain DY 18 - septembre 2003
Mobilité raisonnée, la question du transport urbain
DY 18 – septembre 2003
Projets de fin d'études 2004 Santé, Habitat, Environnement, Transports... DY20 - avril 2004
Projets de fin d’études 2004
Santé, Habitat, Environnement, Transports…
DY20 – avril 2004

Ils seront mis en œuvre dans les années suivantes avec la création des Design Labs.

La rupture culturelle portée par la direction de l’école s’appuyait sur la logique défendue de l’approche managériale du projet design et sur le souhait de renforcer une expertise par le design dans certains domaines privilégiés. Elle allait confronter au défi des nouvelles méthodologies et contenus d’enseignement à développer, avec le souci de maintenir l’excellence technique des étudiants acquise en 1ercycle. Parallèlement à ces changements, Jean-Luc Barassard au sein du  service « stratégies entreprises » organisait régulièrement une revue de veille sur les apports des innovations technologiques, les tendances sociologiques et mutations culturelles dans leur impact sur le design autour de ces mêmes grandes thématiques. Sous l’impulsion des travaux  menés par Laurent Neyssensas précédemment cités, cette revue de veille adressée aux entreprises, permettait aussi de fédérer la pédagogie et le milieu professionnel.

2.6 Un axe recherche-formation-entreprise

Des bases solides en pédagogie et professionnalisation, le développement de l’offre de formation et des partenariats avec les entreprises, l’université, les grandes écoles et les collectivités, le développement de l’international avaient été mis en oeuvre. Le volet recherche restait à construire. Nous y étions fortement encouragés par le ministère… Mais c’était une culture totalement nouvelle pour un établissement professionnel et des équipes non formées dans ce domaine, même si nous étions quelques-uns à penser que la recherche enrichirait la pédagogie en favorisant une analyse réflexive sur nos méthodes et approches du projet et permettrait de dégager des recherches en partenariat sur du long terme.

Les évènements internationaux mentionnés associés à Cumulus, avaient néanmoins permis une dynamique qui sera à l’origine du premier Design lab, READi (Recherches Expérimentales Appliquées en Design d’Interactivité). Dirigé par Grégoire Cliquet, celui-ci était inauguré en mars 2011 dans des locaux provisoires à la Beaujoire. Le Design Lab se présentait comme une plateforme de création et d’expérimentation reliant le monde de l’entreprise et d’une recherche centrée sur les usages. L’école a rejoint aussi les Ateliers de la Recherche en Design fondés à l’Université de Nîmes en 2006 par Alain Findeli, Georges Schambach et Brigitte Borja de Mozota. Cela a amené l’organisation à Nantes de la 4èmeédition des Ateliers en juin 2008 sur le thème « Transfert(s) de connaissance, recherche en design et valorisation ». Frédéric Degouzon avait par ailleurs en 2007 lancé l’idée d’un « Media Lab », laboratoire d’expérimentation et de recherche en design pour les produits et services des technologies de l’information », avec le lancement d’une revue sous forme de cahier de recherches, CADI, dont le 1ernuméro paru en janvier 2008 portait sur le design d’expérience[28]. David Bihanic, enseignant à l’école avait contribué à la coordination de ce numéro et y publiait un article « De la Réalité de l’Expérience[29] », ainsi qu’un entretien avec Régine Charvet-Pello, « Ce qui est perçu en premier doit être conçu en premier ». Ce numéro comportait également un article de Yann Le Guennec, enseignant à l’école et artiste plasticien, qui avait orienté très tôt sa pratique vers le numérique.

Un projet de Media Lab Frédéric Degouzon, David Bihanic, Morgane Saysana DY 29 - novembre 2007
Un projet de Media Lab
Frédéric Degouzon, David Bihanic, Morgane Saysana
DY 29 – novembre 2007

D’autres événements comme les ateliers internationaux CREDO lancés en juin 2006 dans le cadre d’Intelligence Design, contribuaient à confronter et interroger les processus créatifs, dans une vision prospective de l’évolution de nos sociétés[30].

De mon côté j’avais commencé un travail de veille sur la recherche en design à l’international et réunit au conseil scientifique des chercheurs, Alain Findeli, Michel Cotte (historien des techniques), Jean-Pierre Boutinet, alors directeur de l’Institut de Recherche Fondamentale et Appliquée à l’Université catholique d’Angers, Brigitte Borza de Mozota, chercheuse en design management. J’ai déjà évoqué l’importance des apports d’Alain Findeli, tant pour la pédagogie que pour une acculturation à la recherche, ceux de Brigitte Borza de Mozota sur le design management. Les recherches de Jean-Pierre Boutinet sur l’anthropologie du projet, avaient aussi été une ressource précieuse pour enrichir notre réflexion sur l’enseignement du projet[31]. Avec Michel Cotte nous avions organisé en mars 2005 un séminaire sur « L’objet technique comme construction technique et sociale », dans le cadre d’un pôle de recherche pluridisciplinaire, « Objet, Société et Technologie de l’Information et de la Communication » (O.S.TIC), qu’il dirigeait et auquel je participais à l’Institut de l’Homme et de la Technologie. J’avais également entrepris une recherche sur le design industriel en France qui m’avait permis d’apporter une contribution au colloque de Cerisy en 2005[32], « Design entre urgence et anticipation » et de publier un ouvrage sur Jacques Viénot (2006). A la demande d’Alain Findeli, j’avais aussi été amenée à travailler sur l’historiographie de l’histoire du design et présenté une contribution aux Ateliers de la Recherche à Nancy en 2007.

Recherche en histoire du design sur Jacques Viénot J. Le Boeuf DY 18 - septembre 2003
Recherche en histoire du design sur Jacques Viénot
J. Le Boeuf
DY 18 – septembre 2003

Le Media Lab a été éphémère car les moyens manquaient pour constituer une équipe de chercheurs. Les thématiques de l’époque (Ambient Intelligence, Datatainment, M-Services) montrent que le numérique était moteur, avec une dynamique très expérimentale qui amenait également l’école à être présente sur la scène des grands évènements nantais[33], mais aussi régionaux et internationaux. La participation  à un certain nombre de réseaux, comme la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING), Images et Réseaux, Green and Connected Cities… témoignait du foisonnement d’activités autour du numérique.

Il fallait cependant trouver les clefs de partenariats institutionnels pour développer de la recherche en design, alors que celle-ci n’en était qu’au stage de l’émergence en France. Les actions menée à l’école au cours de cette période, trouvent une cohérence qui portera ses fruits une dizaine d’années plus tard. La période qui suit sera celle de la mise en œuvre des nouveaux masters et des Design Labs[34]dont le principe même et les thèmes ont fait débat, mais qui finalement ont installé, me semble t-il,  une identité forte et innovante dans le paysage français des écoles de design.

Jean-Yves Chevalier, (designer enseignant) Stéphane Gouret et Frédéric Degouzon DY 31 édition spéciale 20 ans - juin 2008
Jean-Yves Chevalier, (designer enseignant)
Stéphane Gouret et Frédéric Degouzon
DY 31 édition spéciale 20 ans – juin 2008
Numéro spécial pour les 20 ans de l'école J. Le Boeuf DY 31 - juin 2008
Numéro spécial pour les 20 ans de l’école
J. Le Boeuf
DY 31 – juin 2008

O Tempora O Mores ! 

Dans un article de Do you speak good design (décembre 1999), « Quand les objets réfléchissent à notre place… », Jean-Patrick Péché se demandait si les objets qualifiés de « communicants » ne seraient pas seulement « bavards »… Le design pouvait remédier à la pollution bavarde en jouant son rôle de métier de conception axé sur l’humain et la qualité des services, défendait-il. Belle position de principe ancrée dans une éthique fondatrice du design. Dans le même numéro, un des partenaires historiques, France Télécom, et plus particulièrement le CNET (Centre National d’études des Télécommunications) parlait d’un nouveau marché bouillonnant avec des communications d’objet à objet prépondérantes dans les 5 ans à venir. Il s’agissait de travailler à l’élaboration de nouveaux modèles de marché, lié plus au service qu’à l’objet à l’ère de « l’homme communicant ». Objet et/ou service, le design face aux nouvelles technologies restait au cœur de questions anciennes sur la société de consommation, entre logique commerciale et logique de sens. Où se trouvaient les grandes mutations annoncées par ces nouvelles technologies de l’information ? L’objet allait-il disparaître à l’aube de l’informatique ubiquitaire ?

Avec France Telecom R&D Jouets communicants, projets de 3ème année DY 21 - Juin 2004
Avec France Telecom R&D
Jouets communicants, projets de 3ème année
DY 21 – Juin 2004

L’expression utilisée pour ce petit bilan de la décennie 2000 est reprise d’un texte (DY10 – septembre 2001) que nous avait écrit Jean-Claude Deguines, designer à l’ENSAAMA (École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et Métiers d’Art) :

L’objet design n’est plus exclusivement physique, il devient quelquefois virtuel, c’est son « service » qui est « consommé » et non plus l’objet lui-même. Il faut envisager de profondes mutations dans les relations que les consommateurs entretiennent jusqu’alors avec les objets. Attachement, détachement, quête de sens… ? O tempora, O mores !

Les nouvelles équipes, « les hommes en noir » dont parlait Frédéric Degouzon, ont pour certains été perçus comme des geeks fascinés par la techno et le web, éloignés de cette culture du design industriel sur laquelle les premiers enseignements avaient été élaborés. Mais les designers industriels percevaient aussi les « profondes mutations » en cours dont parlait Jean-Claude Deguines. Jusqu’où y avait-il bouleversement pas rapport aux fondamentaux du métier ? J’ai souvent vu les designers sourirent lorsque les nouveaux venus parlaient d’expérience utilisateur, comme si, disaient-ils, cela n’était pas une préoccupation ancienne…

L’importance accordée à la technique dans la formation hypermédia où se mettaient en place des cours de programmation, de 3D Temps Réel, de systèmes et réseaux… renforçait l’idée d’une approche techno-centrée qui n’était pas du design. Cette méfiance, que tout le monde ne partageait pas, s’est estompée à partir du moment où s’est affirmé un travail en en co-construction, pour employer une terminologie actuelle. Il y avait une unité design et technique[35]à repenser…

En passant des premiers Mac de la fin des années 1980 rue Lamoricière, aux iMac de Jonathan Ive et de ses équipes dirigées par Steve Jobs, qui mettaient de la couleur dans nos salles d’informatique à la fin des années 1990, Internet allait introduire un phénomène où le changement « dépendrait moins de l’apparition des technologies que de l’activité des internautes »[36].

Une forme d’idéalisme se concentrait autour des logiciels libres et de nouvelles relations entre les humains.

Le philosophe Stiegler parle d’une nouvelle économie de la distribution remplaçant le consumérisme capitaliste. Mais il fait aussi référence au pharmakon qui désigne à la fois un poison et un remède. Le numérique fait émerger des champs de recherche transversaux aux différentes sciences. Les digital humanities s’interrogent sur  son impact sur les sciences sociales, la culture, la politique. Des séminaires réunissant des chercheurs de toutes disciplines se mettent en place. A Nantes, l’université et la SAMOA (Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique) qui pilote le projet d’aménagement de l’Ile, organisaient des rencontres à la fin de la décennie sur tous ces sujets[37].

Nous arrivons à la fin de la décennie et bientôt s’amorce un projet d’installation de l’école sur l’Ile de Nantes. Le numérique est maintenant ancré non seulement comme formation en design  en tant que telle mais, à l’instar de son évolution dans notre quotidien, irradie les autres métiers du design. La décennie suivante sera consacrée à l’ambition de consolider les différentes cultures du design mises en œuvre à l’école au sein des Labs, de développer des compétences de recherche ancrées dans des masters thématiques et participant de leur enrichissement.

Les thèmes sont en résonnance avec des questions de plus en plus prégnantes sur l’évolution des villes, des modes de vie, des services publics, des relations entre public et privé… Les alertes climatiques, la pollution les mutations sociétales et économiques supposent plus que jamais de créer des conditions favorables pour travailler sur la complexité des phénomènes, à différentes échelles.`

L’École de design  s’inscrit aussi dans une dynamique territoriale qui voit l’émergence de projets autour de communautés créatives dans la métropole nantaise, l’engagement d’une politique régionale sur les Pays de la Loire comme territoires d’innovation[38]et l’intérêt du département à favoriser l’innovation dans les services en faisant appel au design[39].

Notes

[1]Tallon R. (1987). Roger Tallon Trans-design, Art press special, A l’heure du design, hors série n° 7, 22-26.

[2]Sous l’égide du ministère de la Culture et de la Communication, du ministère de l’économie, des Finances et de l’Industrie, avec la participation du ministère de l’Éducation nationale et de l’ENSCI.

[3]Manifestation organisée chaque année depuis cette date par L’École de design Nantes Atlantique.

[4]Do You Speak good design, n° 5, Juin 2000. Emmanuelle Bouron rattachée au service entreprise en tant que chargée de communication a été l’animatrice jusqu’en 2008 de cette lettre d’information dont la formule papier a disparu au profit d’une version électronique lorsque Frédéric Degouzon a pris la tête de ce qui est devenu le service communication et stratégie de l’école, comprenant le recrutement des étudiants.

[5]Maud Meudic, diplômée de l’école, a rejoint l’équipe au début des années 2000 pour le suivi des stages et le réseau d’anciens. L’équipe s’est agrandie très rapidement avec Marie Berg, Soizic Duault, Geneviève Sengissen, Loïc Milin, et plus récemment Lionel De Oliveira et toute l’équipe des assistantes.

[6]La collaboration s’est poursuivie jusqu’à une période récente où j’ai été invitée par Nelu Wolfensohn à être commissaire d’une exposition au centre d’exposition de l’UQAM (11 novembre-11 décembre 2016), Notes vagabondes, Métaphores et Mémoire dans les affiches de Nelu Wolfensohn, qui a également fait l’objet d’un catalogue dont j’ai assuré une partie des textes, ainsi que la coordination. Ont collaboré au catalogue Diane Charbonneau, Adriana Dredge, Ronald Jr. Filion-Mallette.

[7]L’École de design industriel de l’Université de Montréal avait organisé en 1990-91 un Symposium international sur le thème « Prométhée éclairé  Éthique, technique et responsabilité professionnelle en design » sous la présidence et direction scientifique d’Alain Findeli. Les actes de ce symposium, ainsi que plusieurs publications de l’Université (ed. Informel de 90 à 93) m’ont été transmis par ce dernier en 1998. Elles ont constitué pour moi une ressource majeure tant pour l’enseignement de l’histoire du design que comme source de réflexion sur le design et son enseignement auprès des équipes.

[8]Cynthia Bodin, Laurent Grellety et Harold Noël.

[9]Pascal Malassigné est intervenu régulièrement dans le cadre de séminaires en design produit adapté aux handicapés et personnes âgées, qui nous avait donné l’occasion de travailler avec l’hôpital Saint Jacques à Nantes.

[10]La botte « b », c’était une chaussure anti-mines née de la collaboration de Dia Design et Anonymate, groupe de recherche fondé par Jean-Patrick Péché. Elle avait été nominée au JEC innovation 2000, au Good Design Award 2000 de Chicago et avait reçu l’Étoile de l’Observeur, manifestation organisée par l’APCI (Agence pour la Promotion de la Création Industrielle), avec mention spéciale de l’INPI.

[11]L’international a permis la création d’un poste dédié.  Katrin Dierks a été la première responsable international, remplacée en 2009 par Zoé Lacey.

[12]Duperré, ESAG Penninghen, Strate Collège Designers, EID de Toulon, ENSCI-Les Ateliers, ENSAAMA-Oliviers de Serres, L’Ecole régionale des Beaux-Arts de Saint-Étienne.

[13]Naître, se nourrir, jouer, s’instruire, se déplacer, communiquer, travailler, grandir, paraître, aimer.

[14]Cumulus Working Papers 2006, Université d’Arts et de design d’Helsinki, avec une préface de Yrjö Sotamaa, et un avant-propos de Jocelyne Le Bœuf.

[15]La direction design était assurée par Frédéric Bonnin et le développement par Maud-Andréa Bidet.

[16]J’emploie ici le titre de master, par souci de ne pas trop alourdir le texte. Mais à l’époque nous parlions de 4èmeet 5èmeannées.

[17]Les designers Frédéric Vion et Alex Gulphe ont eu cette mission pendant plusieurs années.

[18]A ce stade je fais un petit détour signaler le rôle d’Agnès Le Provost qui était mon assistance depuis 1998. Les premières années nous organisions les emplois du temps, les bulletins, etc. à la main, jusqu’à ce que Agnès, férue d’informatique, commence à étudier de nouveaux logiciels qui allaient nous faire passer de la gomme, règle et crayon à l’ordinateur. Nous avions monté plusieurs gros dossiers ensemble comme la demande d’adhésion au programme Erasmus qui nous avait donné du fil à retordre en tant qu’école privée. Au stade des ECTS, nous étions aussi démunies pour comprendre exactement comment mettre en place ces nouvelles règles indispensables pour les programmes Erasmus. Nous avons consulté nos voisins ingénieurs de Polytech plus avancés sur le sujet et finalement intégré dans nos maquettes pédagogiques les nouveaux découpages d’enseignement et d’évaluation.

[19]Dossier porté par Lydie Morand, responsable pédagogique de l’option design d’espace depuis cette date.

[20]Le pôle mode d’expression était confié à Typhaine Le Brusq et Dominique Vital ; le pôle culture générale à Luc Montessinos ; le pôle culture technique à Sébastien Brousse, puis Philippe Blanchard pour le produit et Arnaud Le Roi pour le numérique ; le pôle culture économique à Hervé Gastineau ; le projet était animé par Jean-Patrick Péché.

[21]Le campus virtuel comprenait une partie site internet public, les adresses mail, une partie permettant de mutualiser les informations entre enseignants et étudiants et le pilotage collectif de projets. Il était proposé comme un véritable outil de management transversal.

[22]Intitulé actuellement Master Management des Technologies Interactives 3D

[23]La Maison de l’Avocat de Nantes a accueilli plusieurs années de suite de belles expositions organisées par Patrick Chesneau, responsable pédagogique et ses étudiants autour de différents thèmes comme « Une cause à défendre : la justice sans les frontières ».

[24]Cela avait amené en particulier l’introduction d’un nouveau séminaire avec le designer Dieter Lassmann (qui avait enseigné à l’ENSAD avec Roger Tallon). Celui-ci reprenait avec les étudiants les fondamentaux du travail sur le matériau et la forme. Rémi Masselin qui enseignait la maquette et Christian Mouraud étaient aussi associés à ces réflexions avec les designers.

[25]La nouvelle formation en design graphique a été élaborée avec Nathalie Templier et l’équipe des enseignants en graphisme intégrés dans notre formation en design industriel, en particulier Anne Delfaut, qui a alors pris la responsabilité de structurer une recherche en veille, déjà mise en place par Laurent Neyssensas pour le numérique et auquel s’est joint Philippe Blanchard pour le produit. Philippe Blanchard, designer, enseignait aussi à l’école depuis plusieurs années.

[26]Un pôle mémoire s’est alors structuré sous la direction de Luc Montessinos.

[27]J’assurais la direction du développement des programmes, avec l’assistance de Nathalie Ciprian qui en assurait la coordination. La responsabilité des options majeures était assurée par Jean-Patrick Péché assisté de Céline Gallen et David Morin Ulmann pour Nouvelles pratiques alimentaires, par Thierry Lehmann assisté de Thierry Mellerin pour Interfaces tangibles, par Catherine Bouvard assistée d’Isabelle Faure pour Mutations du cadre bâti, par Christian Van Oost pour Nouvelles mobilités, par Benjamin Walker assisté d’Elyssa Sfar pour Innovation responsable, par Yann Le Guennec pour Réalité virtuelle, par Frédéric Bonnin assisté de Maud-Andréa Bidet pour Interculturalité.

[28]5 numéros seront publiés, jusqu’en 2011, avec 3 numéros hors série dédié à des entretiens avec les tuteurs de projet de fin d’études de nos étudiants, qui étaient autant d’articles de veille sur la pluridisciplinarité.

[29]David Bihanic était en cours de thèse à Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Pierre-Damien Huyghe. Sa recherche portait sur la spatialité des réseaux et la géographie de l’information ( Espace, lieux et « hypercartes »).

[30]Ils s’inséraient dans un programme triennal (2007-2009), conclu entre l’école de design et la Région des Pays de la Loire, en partenariat avec l’Abbaye royale de Fontevraud et l’association Cumulus. Les ateliers étaient basés sur l’engagement volontaire d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs issus des différents établissements européens d’enseignement supérieur en design. Les participants encadrants ont été Jean-Patrick Péché et Nathalie Ciprian, alors responsable pédagogique de la 4èmeannée pour le premier atelier fondateur de 2006. Plusieurs ateliers associant différentes cultures ont été ensuite portés par Laurent Neyssensas et Elyssa Sfar (2007), puis Laurent Neyssensas et Nathalie Ciprian (2008). Ceux-ci ont donné lieu a des livrets retraçant les étapes de ce travail expérimental en pédagogie ( http://credo.lecolededesign.com/index.html).

[31]Je l’avais invité en 2001 à présenter ses recherches sur l’anthropologie du projet, ce qui avait suscité beaucoup de questionnements autour de notre appréhension du projet design et de l’innovation dans une culture de l’immédiateté et du court-terme. Voir les ouvrages Boutinet, J.P. (1990) Anthropologie du projet, Paris: PUF. ; (1993, réed 2006) Psychologie des conduites à projet, Paris : PUF, coll. Que sais-je ?

[32]Colloque organisé par Anne-Marie Boutin, directrice de l’Agence pour la Promotion du Design Industriel, Clément Rousseau, designer et directeur de l’Agence Plan Créatif et Jean-René Talopp, directeur de Strate College designers.

[33]Scopitone, laval virtual, LIFT, Web2day.

[34]Un projet de Fondation pour financer la recherche et l’innovation avait aussi permis de travailler avec une entreprise conseil qui nous avait aidé à préciser notre positionnement. Cela a été l’occasion d’une année de travail entre les membres de l’équipe de direction.

[35]Allusion au mot de Walter Gropius au Bauhaus, « Art et technique, une nouvelle unité ».

[36]Fogel, J-F et Patino, B. (2013). La condition numérique. Paris : Grasset, Essai.

[37]Lors d’un séminaire le 27 mai 2011 organisé par la Samoa et l’Université de Nantes au quartier de la création, sur les thèmes Software Studies, Digital humanities et Web sciences, Bernard Stiegler montrait comment le numérique, non seulement transformait les pratiques des sciences sociales, mais en modifiait l’objet et il insistait sur l’importance d’organiser autrement la recherche en favorisant la transdisciplinarité.

[38]Creative Factory, cluster des entreprises créatives, opérateur économique de développement de la Métropole nantaise ; La PRI (Plateforme Régionale d’Innovation), Design’in, association soutenue par la Région des Pays de la Loire et animée par l’Agence régionales des Pays de la Loire Territoires d’innovation

[39]Collectif. (2014). Design de service public en collectivité locale, le passage à l’acte. Ouvrage coréalisé par le Département de Loire-Atlantique et L’École de design Nantes Atlantique, La Documentation française.

Equipe pédagogique de cette décennie (à compléter)

En mode d’expression et projet, Typhaine Le Brusq, Olivier David, Stefan Nica-Retailleau, Jean-Yves Quellien, Claire Taupin, Dominique Vital, Anne Delfaut, Laurent Monestier, Véronique Rattier, Emmanuel Thireau, Jean Augereau, Philippe Desancé, Morgan Le Roi, Arnaud Le Roi, Matthias Rischewski, Vincent Leray, Marie-Agnès Revert, Nathalie Templier, Franck Jouneau, Valérie Gourdel, Gwénaëlle Thoumine, Lydie Morand, Philippe Blanchard, Jean-Patrick Péché, Hervé Gastineau, Nicolas Prioux, Yves Lubert, Thierry Mellerin, Christian Van Oost, Nathalie Ciprian, Catherine Bouvard, Ben Walker, Elyssa Sfar, Thierry Lehmann, Gilles Cornevin, Patrick Chesneau, Yann Le Guenec, laurent Neyssensas, Grégoire Cliquet, Olivier Pigasse, Emmanuel Raillard, Victor Massip, Laurent Le Bot, Frédéric Bonnin, Jean-Yves Guillet, Bertrand Letourneur, David Balkwill  ; Culture générale et Sciences humaines et sociales, Luc Montessinos, Virginie Braud, Juliette Eoche-Duval, Alain Jacquemin, Gaénaëlle Knerr, Isabelle Faure, Thérèse Pasquier-Lavenier, Sue Alouche, Geneviève Correia, Sophie Dubuisson, Alain Capdeville, Jocelyne Le Boeuf, Nicolas Gaudin, Françoise Barbin, Sandrine Chagnard-Pianlekha ; Anglais, Katrin Dierks, Shaun Meehan, Eva Canals ,Silvana Guidet, Guillaume Homer, Zoé Lacey, Chantal Mac Gowan ; culture technique (et projet) Rémi Masselin, Christian Mouraud, Guillaume Fouet, Sébastien Meriau, Gilles Rainaud, Antonio Fidalgo, Sébastien Brousse, Nicolas Gaudin, Françoise Barbin, Yannick Olivier, Christophe Marchand…

  

Il serait difficile de retracer toutes les explorations pédagogiques de ces années concernant les séminaires. Je me souviens du séminaire de sociologie et de la dynamique insufflée par deux intervenants, Stéphane Juguet et Stéphane Chevrier. Ils proposaient chaque année des techniques d’enquête qui devaient donner lieu à des propositions de projets et bousculaient les lieux communs et les naïvetés autour de la représentation des usagers. Un séminaire commun de pré-intégration entre les étudiants en produit et ceux en hypermedia a eu pour particularité pendant plusieurs années de développer une créativité autour du rébarbatif règlement intérieur que personne ne lit… Cela a donné lieu à de belles manifestations de rentrée, avec théâtre de marionnettes, histoire autour d’un article disparu et bien d’autres choses…(avec Didier Codron, designer et Alain Jacquemin, sémioticien). Un autre séminaire important mis en place à cette période est le séminaire audio-visuel. Il a donné lieu à des nombreuses réalisations de films sur toutes sortes de sujets autour du design. Il fait partie de ces séminaires toujours d’actualité qui mobilisent toute l’école.Nelly Richardeau en est la principale animatrice depuis le début, assistée d’autres intervenants qui se sont relayés (Laurent Neyssensas, équipe hypermédia, Julien Bellanger, réalisateur multimédia, Guillaume Fouet, équipe hypermédia…) et du responsable du studio son-vidéo de l’école, Jean-Charles Queffelec, qui a rejoint les équipes au début des années 2000. Le séminaire de sémiologie pouvait donner lieu à l’organisation d’une course de caisse à savons où tous les éléments d’information (affiches, musiques, signalétique du spectacle, identification des acteurs) devaient amener les étudiants à comprendre  l’étude des signes. Lorsque les séminaires n’étaient pas transversaux, une logique commune d’objectifs était maintenue comme dans le cas de « démonter-reformuler » (Victor Massip). Pendant que les étudiants  en produit démontaient des appareils électroménager pour en faire des installations à la Tinguely, les étudiants en hypermédia décortiquaient des plateformes Web pour repenser les applications en termes de fonctionnalités et d’ergonomie. Le séminaire de sémiologie pour les étudiants en interactivité avec Franck Ghitalla, enseignant chercheur à l’Université de Technologie de Compiègne, a participé aux premiers questionnements pour La mise en place une formation spécifique en visualisation de l’information, discipline qui fait maintenant l’objet d’un programme de master sous la direction de Matthias Rischewski.

Je remercie Jean-Charles Queffélec, responsable du studio vidéo-son à l’école pour les photos d’archives de la  lettre d’information Do you speak good design, indiquée en DY dans les légendes.

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